Compte-rendu de voyage en Turquie
du 12 au 16- 12- 99
J’étais délégué par le collectif des associations de
la fête sans frontières, présidé par l’association culturelle d’échange
et d’amitié entre les peuples (ACEAP).
Il s’agissait de porter des secours et des signes de
fraternité dans deux villes turques détruites à 50% par les tremblements de
terre récents.
Ce n’est pas qu’un projet d’aide matérielle, un
projet financier, mais aussi un projet humain de connaissance réciproque. La
connaissance réciproque est le meilleur garant de justice et de paix entre deux
peuples. La France et la Turquie s’ignorent beaucoup trop. Ce sont deux
peuples puissants et organisés qui ont beaucoup à gagner ensemble.
Nous étions une douzaine de personnes. Pour moitié, des
Turcs vivant en France, de l’association culturelle des Turcs de l’Ouest
(ACTO) et, pour l’autre moitié, des Français de Nantes, Poitiers, Pont-Château,
Quimper et Vannes.
Le voyage a été particulièrement bien organisé avec l’aide de la ville de BAKIRKOY, grande ville de 200 000 habitants de l’agglomération d'Istanbul, dont le maire (1) nous a impressionné par son dynamisme et son humanisme effectif, sa volonté de créer des liens d’amitié avec la France, sa compassion prioritaire au service des handicapés de tous ordres. La municipalité de Bakirkoy fournissait petit car et chauffeur; vifs remerciements à elle.
GOLCUK:
Dès le lendemain, ce fut GOLCUK, à 100km de là,
80000 habitants, en Asie déjà, au bord de la mer de Marmara, où nous avons
rencontré, comme prévu, le maire, son adjoint ainsi que quelques autres
responsables locaux dont celui de l’enseignement (1) et le maire d’une
commune de 15000 habitants, IHSANIYE (1), victime elle-aussi du séisme.
Objectif: aider en construisant une école. Une école
à l’épreuve des séismes prévisibles et développant une éducation qui
unirait ce qu’il y a de meilleur chez les Turcs et chez les Français. Quelque
part une école exemplaire, quelque chose d’international;
d’intercontinental même, pourquoi pas?
Je crois que confiance et estime réciproques se sont
rapidement manifestées entre nous, par la simplicité. Nous sommes allés sur
le terrain de la future école sur le coup de midi. Les premières mesures
techniques ont été prises. Une convention signée dans l’après-midi même.
Le projet démarre même si la somme nécessaire n’est
pas encore rassemblée.
Il impliquera la participation de diverses personnes en
France et en Turquie dont des étudiants en architecture et en pédagogie,
l’organisation de différentes fêtes.
DUZCE:
Le surlendemain, l’autoroute vers Ankara nous a
conduit à DUZCE (76000 hab) à 300km d’lstanbul. Lorsque nous y étions, le
sinistre datait d’un mois tout juste.
Alors qu’à GOLCUK les traces les plus visibles avaient
souvent disparues (maisons rasées, place nette), là nous avions une vision de
cauchemar d’immeubles basculés, enfoncés, effondrés, aplatis. Des tentes
partout, avec des tuyaux d’où sortaient de maigres fumées DUZCE n’est pas
dans la montagne mais on y voit des sommets enneigés voisins -..
Des
queues aux points de secours et les regards en disaient long.
La ville était un chantier parfois impressionnant
dans la poussière de cette sèche journée d’hiver. Démolitions et
reconstructions se mêlaient.
Après discussions au centre officiel des secours, nous
avons décidé de distribuer librement, par nous mêmes, les vivres et autres
secours que nous transportions, dans un quartier excentré.
Bientôt un homme voulut entrer en contact avec nous. Après
discussions il s’ avéra que le séisme avait détruit l’entreprise où il
était employé. En chômage “technique”, il se trouvait sans ressources et
avec la faim dans sa famille. Nous lui demandâmes de nous conduire dans son
quartier.
C’était une place sur laquelle une cinquantaine de tentes
étaient installées au pied d’immeubles non effondrés, mais inutilisables.
Un minaret récent en béton s’était effondré faisant sept morts dans le
quartier. L’homme nous a conduits vers les personnes qui se sentaient
responsables du campement.
D’un commun accord, nous avons décidé de remettre un
sac de nourriture à chaque tente occupée. Il y avait en effet quelques tentes
vides: familles qui avaient eu la chance d’être recueillies par des amis ou
des branches familiales, ailleurs.
Motivé par le matériel scolaire recueilli par des élèves
en France, je devais joindre des enseignants pour le leur remettre en mains
propres. Pas d’enseignants sous tente, mais dans une rue voisine, un
enseignant et sa famille dans une maison individuelle endommagée, mais
habitable.
Nous lui avons remis le matériel scolaire récolté
Certains cartables contenaient des messages ~. A
charge pour lui de distribuer au mieux le lundi suivant. Nous avons échangé
nos adresses (1). Des correspondances amicales peuvent ainsi naître entre
enfants, entre enseignants, entre parents.. Peut être un jour un jumelage?
Michel PortaI le 23 01 2000
(1)
coordonnées sur demande.